La fleur et l’ordure

2018
Livre relié, étui de rangement en carton, feutre et pâte à papier recyclée.
auto-édition, 102 pages.
18 x 28 cm

Cet essai est inspiré d’une expérience d’agent d’entretien à la propreté urbaine de la ville de Saint-Brieuc (été 2016). Il à été rédigé dans le cadre du mémoire du Diplôme Supérieur en Arts Appliqués, Option Design Textile.


À l’ère de l’anthropocène, il semble que l’environnement naturel soit saturé d’artefacts de l’activité humaine. Habituellement jetés dans le réceptacle fermé de la poubelle et éloignés des sens de l’homme, les déchets sont communément perçus comme nuisibles, indéfinis ou défaillants.

Cet essai analyse dans un premier temps l’origine d’une société moderne du propre. Alors qu’au 18e siècle, les chiffonniers sont des acteurs centraux de la circulation des ressources, les découvertes de Pasteur sur les miasmes et l’invention de Monsieur Poubelle qui fait suite, participeront à l’émergence d’un système d’éloignement des rebuts. Le traitement s’organise, se généralise, si bien que l’individu n’est plus responsable de ce qu’il jette. Avec la société du neuf, du rutilant, de l’obsolescence, les pratiques traditionnelles de réemploi et de détournement vont largement laisser la place à une consommation passive.

Dans un second temps, l’essai tente de définir un mode d’existence des déchets en comprenant ce que leur localisation aléatoire et leurs attributs singuliers racontent. Leur présence dans des lieux non dédiés, tel qu’en montagne, sur la plage, dans le lit d’une rivière, défi l’idéal du concept de nature. Ils deviennent des moyens d’éveil qui interpellent l’homme dans sa position hégémonique et omniprésente.

Par l’acte de la contemplation de ces déchets, l’individu peut redevenir actif. Il questionne leur présence, qui renvoie finalement à sa propre situation d’Homo Détritus. Le déchet contient la faille qui témoigne de la fragilité du tangible. Il évoque le caractère éphémère et transitoire de nos choses et de nous-même. En analysant les œuvres d’artistes qui travaillent sur ces qualités putrescibles, obsolètes, instables, on se rapproche de l’essence même du déchet comme d’une entité heuristique.

L’hypothèse de cette démonstration propose l’existence des déchets comme vanités contemporaines. Ils contiennent les prémisses d’une fin, d’un effritement de notre monde de production.
Si les fruits putrides et les fleurs fanées de la vanité flamande servaient au 17e siècle l’humilité d’un protestantisme austère, alors un sac plastique qui se débat dans les branches d’un arbre, une chaussure abandonnée qui jonche la plage ou encore un enjoliveur au bord d’une route, incarneraient à leur tour les Memento Mori de notre religion industrielle.







Evènements passés :

 

-Résidence d’artiste et exposition personelle Temps de choses, Au  Consulat de la Gaîté, Paris, 2018


- Lecture d’extraits de “La Fleur et l’ordure” par Rolland Fichet lors de l’atelier Déchets-Fictions de la Bibliothèque des Futurs au Musée de Saint-Brieuc. 2018